Les graisses et lubrifiants

Pour donner suite aux plaintes à peine voilées de Maloya, qui prétend ressembler à Obelix ou à Bacchus, bref, qui a un abdomen surdimensionné, qui est gravide d’un ballon d’air, qui a du bide, de la graisse en excès, de la lipémie externe, flasque et flageolante et ayant une demi-heure de répit, je me suis dit que j’allais vous parler de cette graisse tant abhorrée.

C’est fou ce dont on a besoin comme outillage pour chipoter sur nos motos, mais ce n’est rien comparé au nombre de produits qu’il nous faut. Parmi eux, il y a les graisses, lesquelles ont chacune une indication bien précise, dont trois sont importantes à avoir. Remplissez votre portefeuille et glissez-y votre petite liste d’achats.
 
Graisse de silicone
La graisse de silicone est un lubrifiant hydrophobe,
-       qui protège de l’humidité et de la rouille,
-       qui empêche les pièces mobiles de se bloquer,
-       qui résiste aux fortes pressions et à des températures élevées,
-       qui ne colle pas et ne sèche jamais, sans retenir les poussières.
Elle est utilisée
-       pour lubrifier les frottements des pièces métalliques contre celles en caoutchouc,
-       pour protéger les connexions électriques
-       pour lubrifier les joints, caoutchouc, plastique, etc.
Sur la moto, elle sera utilisée pour :
-       lubrifier les vis-goupilles de retenue des plaquettes de frein, 
-       protéger les gaines et le soufflet caoutchouc des fils de bougies,
-       lubrifier les caoutchouc et les joints spi de la fourche,
protéger les connecteurs électriques et broches.
En bref : tout ce qui est électrique, tout ce qui est caoutchouc et tout métal glissant dans/sur du caoutchouc ou du plastique.

Graisse au cuivre
Elle est conçue pour la lubrification en milieu corrosif des pièces soumises à de fortes pressions et à de très hautes températures, pour tous assemblages vissés ou boulonnés. Elle assure l’étanchéité et le démontage sans risque de grippage.
Sur la moto, elle est utilisée
-       pour l’assemblage de l’échappement,
-       pour les vis et boulons moteur,
-       pour les vis des étriers de frein.

Graisse téflonisée : c’est celle que vous connaissez pour graisser la chaine, soit sous forme de graisse en spray, en automne et en hiver, lorsqu’il fait humide et boueux, soit sous la forme de lubrifiant en spray dans des conditions sèches et poussiéreuses.

Graisse au lithium : grâce à ses propriétés anticorrosion elle est utilisée pour les roulements et les articulations (bras oscillant, cardan).
Il y en a d’autres, mais d’utilité restreinte pour le mécanicien moto amateur.

J’ai une question pour ceux qui ont un système de graissage automatique de la chaine.
Quelle huile utilisez-vous dans le réservoir ?
C’est par simple curiosité, car le système en lui-même ne m’intéresse pas. C’est aussi pour le plaisir de pouvoir critiquer et d’engager une polémique qui durera au minimum trois pages, de quoi passer le temps.

SAE 80W90 pour boîte et pont, j'ai voulu mettre du blanc de bœuf mais on m'a dit que c'était interdit en France.

Et les graisses au bisulfure de molybdène (dit aussi lubrifiant solide) : ça existe encore ? Cela me semble ressembler aux graisses au cuivre. J'en utilisais il y a très longtemps pour les filetage de bougies , contrairement à la graisse ordinaire elle ne ''brule'' pas avec les fortes chaleurs. On m'a dit depuis que ce n'était pas recommandé car risque que la bougie se desserrent (jamais eu le cas).
On peut en mettre aussi entre les plaquettes de frein et les pièces intermédiaires entre les pistons, surtout quand les freins (à disque ) font du bruit; ça ne marche pas toujours...
Certains types de freins et aussi de plaquettes (les ''Carbonne Loraine'' ou CL sont très bruyantes) sont  sujets à ces problèmes sonores.

Graisse cuivre, aussi sur bougies m'a t'on dit ?
Avec juste un soupçon sur le filetage, le montage/démontage est onctueux à souhait.

Captain Yvig a écrit:

SAE 80W90 pour boîte et pont.

Idem, c'est ce qui préconisé par le fabricant et ça va très bien.

Je suis fidèle à la molybdène pour les bougies, un soupçon.

Jean-Phi17 a écrit:

Captain Yvig a écrit:

SAE 80W90 pour boîte et pont.

Idem, c'est ce qui préconisé par le fabricant et ça va très bien.

pour moi aussi

Gaeter a écrit:

Graisse au cuivre

-       pour les vis des étriers de frein.

et bien je préfère de loin y mettre du frein filet

Dans le domaine ferroviaire (là où je travaille) la tendance actuelle est de ne plus graisser du tout les vis, la graisse aurait comme effet de modifier les couples de serrage, et donc d'augmenter le risque que l'ensemble se desserre avec le temps et les différentes contraintes...

Y'a encore 5 ans, on en foutait partout (de la cuivrée surtout) c'était bien plus simple à démonter pour la maintenance, mais depuis qu'un ingénieur dans un bureau beaucoup trop chauffé a décidé que la graisse c'est mal, on a plus le droit d'en mettre et, à mon sens, les résultats ne sont pas concluants.

On utilise le molybdène pour les assemblages à haute pression, je ne savais pas qu'elle avait une autre utilité!  

Voilà, pour le témoignage en rien motocycliste, et qui n'alimente pas le débat, mais je devais le dire:
N'arrêtez pas de graisser 

Je me rappelle avoir monté des vis de bielle de marque ARP (US) dans le moteur (très légèrement gonflé !) de ma Mitsubishi 4 RM; cette marque te fournit même la graisse spéciale nécessaire pour le bon serrage au couple de sa visserie. En fait leur première recommandation de serrage des boulons est d'utiliser un micromètre pour vérifier l'allongement de la vis et s'assurer de rester dans la zone d'élasticité du métal. Le catalogue d'ARP est impressionnant par la quantité de specs et le nombre d'applications possibles (les moteurs de dragsters de plusieurs milliers de chevaux ont quand même de sacrés contraintes pour pouvoir tourner à plein régime guère plus que quelques dizaines de secondes...).
Pour les serrages de vis de bielle ''classiques" les préconisations sont plutôt : serrage à une valeur de couple + 1 déplacement angulaire à la clé (par exemple 60°).
En ce qui me concerne ce n'est pas moi qui assemblait le moteur mais mon garagiste à qui je confiait toutes les pièces ! Il était très bien équipé avec de l'outillage de métrologie nécessaire (marque japonaise réputée dont j'ai oublié le nom).

Stareast : Mitutoyo?


Sinon, pour les bougies, je mets du talc. L'avantage, c'est que c'est insensible à la chaleur, et que ça ne finit pas par faire du caramel comme la graisse.