Je vous propose une lecture palpitante dans le monde du futur, futur déjà présent sur certaines motos BMW, Ducati, HD, ... et qui se généralisera sur les autres dans un avenir proche. Je vous parle du bus CAN.
Le bus CAN a été élaboré par la firme Bosch en 1980 ; dix ans plus tard, on le retrouvait sur toutes les voitures et au début des années 2000, il y a près de 20 ans, en premier sur une moto. Certains prétendent sur une Ducati 999, d’autres sur une BMW.
Vous connaissez tous le câblage électrique actuel sur nos motos ; il fait appel à une connexion de point à point. Chaque composant électrique est relié à la batterie en passant d’abord par une boîte à fusibles. Lorsqu’un composant est défectueux, la résistance augmente et le fusible claque pour protéger le composant et la batterie d’être endommagés. Cela nécessite un faisceau électrique complexe : un vrai capharnaüm, un fouillis lorsqu’il faut retrouver une panne.
Le bus Can (Controller Area Network = contrôleur d’un réseau régional) est un ordinateur central, séparé de l’ECU, auquel sont reliés tous les éléments électriques. On peut le comparer au cerveau humain, relié aux différentes parties de notre corps par la moelle épinière, le câble, et par les nerfs périphériques, les composants électriques. Dès qu’un élément est défectueux, le bus CAN coupe sa connexion et met en mémoire un code d’erreur, que l’on pourra lire en le reliant à un scanner dédié. Alors que la lecture des codes erreurs avec un OBD2 nous renvoie à "une erreur sur le trajet de x", sans plus de précision, le code erreur du bus Can nous renvoie à un composant déterminé, ce qui en facilite grandement le repérage et le remplacement.
Une précision : on l’appelle "un bus" Can, parce que le câble central agit comme un bus de ligne, qui s’arrête à toutes les haltes pour alimenter (faire entrer des passagers) et retirer (les laisser sortir) des informations de tous les composants périphériques.
Ce système est génial, mais pas sans problèmes.
En premier lieu, l’ordinateur central est programmé pour accepter une certaine puissance ou résistance de chaque sous-système. Parfois, lorsque vous modifiez votre moto, vous changez ces lectures. Cela confond l’ordinateur et conduit parfois à un mauvais fonctionnement de la pièce et / ou à des messages d’erreur apparaissant sur le tableau de bord.
Un exemple de ceci est l’éclairage. Sur les motos avec phares à incandescence, il est usuel de passer à des LED. Étant donné que les LED consomment beaucoup moins d’énergie que les ampoules à incandescence, l’ordinateur central ne reconnaît pas la résistance des LED et lance un code. Des problèmes similaires s’appliquent, par exemple, si l’on ajoute des poignées chauffantes.
Certains accessoiristes fabriquent des accessoires spécifiques à relier à un bus CAN. Dans le cas de l’exemple de phare ci-dessus, il existe des phares CAN LED qui remplacent directement les unités de stock. Le hic, c’est que, pour être conforme à la norme CAN, ils consomment la même quantité d’énergie pour garder l’ordinateur heureux, éliminant ainsi l’avantage des lumières LED en premier lieu. Cela vous dit quelque chose ? Non ? Denali et ses phares spéciaux pour motos à bus CAN ! Ah, ah ! Pas de problème pour nous pour raccorder des phares additionnels Denali ! Nous n’avons pas de bus CAN.
Le second problème en est un que beaucoup d’entre nous connaissent déjà : le bus Can nous lie pieds et poings liés à un concessionnaire.
Ironie du sort, d’ici à ce que le bus Can soit omniprésent sur les motos, il sera déjà obsolète, puisque l’industrie automobile a déjà élaboré une seconde génération de contrôleurs.