A la fin des '70, la ville d'Andover construit les dernières Triumph avant de fermer ; on y fabrique encore des genuine parts Triumph et Norton.
A 2 km de là, un village nommé Thruxton sur lequel fut aménagé un aérodrome RAF et USAAF jusqu'en 1946.
Quand on met des Anglais entre une usine de motos et un circuit désaffecté, la mayonnaise prend spontanément, et c'est dès 1949 que 1,89 miles = 3,04 km sont ouverts aux enrouleurs de câble. C'est 2,35 miles = 3,79 km aujourd'hui.
Piste d'essais pour les usines, et circuit de compétition malgré un mauvais revêtement béton.
Il y a eu en 1955 les « 9 Hours », épreuve d'endurance dominée par les BSA Gold Star. L'intitulé sera ensuite modifié en « 500 Miles » même si ça ne change rien dans les faits, ça fait plus d'entrées.
C'est une course strictement réservée aux amateurs, et les Anglais ne plaisantent pas avec les règlements, c'est pourquoi les coureurs se voient fournir en même temps que leur bolide issu des services course, un certificat d'immatriculation.
Seule la marque Velocette respectait ce règlement, surtout en raison du fait que ses modèles vendus aux compétiteurs comme aux particuliers étaient quasi identiques...
Dans les années '60 les usines engagent les pointures de l'époque, Mike Hailwood, Rodney Gould, Percy Tait, Dave Croxford, John Williams, et Phil Read qui raconte (1964) :
« Thruxton était une course incontournable sur le calendrier, les usines l'inscrivaient toujours sur nos contrats. Même lorsque, comme c'était mon cas, il s'agissait de prêt de machines de Grand Prix. Norton m'a en effet prêté des Manx mais ils m'ont demandé de disputer cette course, c'était le renvoi d'ascenceur obligé. […] Toute la presse britannique était là, consacrant de longs reportages. On avait plus de retombées presse pour une victoire à Thruxton que pour un Grand Prix. » De 1966 à 1969, le circuit est réhabilité (il était temps !)et les courses ont lieu à Castle Combe.. C'est une époque où on peut voir courir les dernières marques anglaises, Norton, AJS, BSA, Velocette.
En 1974, le nouveau championnat d'Europe d'endurance inscrit Thruxton au calendrier, et ce sont les marques japonaises qui font le show, avec des coureurs français comme Huguet, Ruiz,Godier et Genoud. Ce dernier raconte :
« C'est un drôle de souvenir. Nous y sommes allés pour la première fois en 1973 avec la Egli-Honda. C'était une piste dépaysante, toute plate et tellement large qu'on s'y perdait.Il y avait une courbe en particulier qui paraissait droite tellement la piste était large, mais c'était un champ de bosses, très accidenté. Les stands étaient des structures en tubes tout rouillés avec des toiles de tente, c'était lugubre. L'autre surprise, c'était le nombre de motos engagées, y compris des trucs mal préparés.Nous, on avait une moto hyper propre et on roulait avec des types sur des anglaises démodées, presque des épaves, mais ils attaquaient comme des dingues. Je me souviens qu'une moto a explosé devant moi, j'ai reçu des bouts de métal sur ma visière. » La dernière de ces courses d'une autre époque a eu lieu sur le vieil aérodrome en 1977.
Le circuit a été refait ensuite et accueille aujourd'hui des courses voiture, moto (Superbike) et... camions !
Voilà ce qu'il faut savoir sur ce nom prestigieux qui recouvre une réalité de bruit et de fureur, de passion et de ténacité.